Elefant-zine #9 - Viva-cité a 20 ans!!!

  Ca y est: 20 ans!!! 20 ans de viva-cité comme s'il en était qu'une...
Le festival des arts de la rue de Sotteville lès Rouen est devenu grand, presque trop grand pour son âge de  jeune adulte. Difficile maintenant de suivre les déambulations sans être bousculé, perdu ou écartelé: La rançon de la gloire... Un Livre sort même pour l'occasion et l'on se surprend en le feuilletant à revivre des moments émus. Un peu comme on feuillète l'album photo du p'tit dernier qui a grandi trop vite!

Viva-cité est devenu en deux décades un grand et beau festival national des arts de la rue. Qu'on se le dise! Il suffit de se promener dans le bois de la Garenne pour s'en aperçevoir.  Il reste  néanmoins modeste par rapport à ses deux ainés que sont Aurillac et Châlons sur Saône et cela lui confère un côté campagne. Mais c'est seulement parce qu'on y limite le nombre de représentation sur le festival OFF (Une 15aine je crois contre une 100aine à Chalon sur Saône et non limité à Aurillac). Pour les non-initiés, le festival OFF se borne aux compagnies non rémunérées mais invitées par le festival. Elles viennent ainsi se faire de la publicité auprès des programmeurs venus sur le site afin d'appartenir à ce qu'on appelle le festival IN dans d'autres villes en étant cette fois-ci payés.

Pas de grosse fête pour les 20 ans du p'tit en dehors du final (hélas, un peu raté) des Alamas Givrés mais quelques signes.  On aura vu  par exemple une bouteille de champagne qui refuse de se casser contre la "Pacific 231" lors du spectacle d'Oposito. Rappelez vous de cette locomotive en bois utilisé par JeanPaul Goude lors du bicentaire de la révolution française. Elle avait fait grand bruit à Paris avec les Tambours du Bronx.

C'est autour de cette époque que les arts de la rue ont été reconnu par l'état et "tonton Mitterand". Depuis il y a des centres nationaux subventionnés et consacrés à l'art de la rue dont un à Sotteville nommé atelier 231 du nom de la fameuse machine à vapeur. Les théatreux disent que tout ça c'est grâce à Michel!! Michel: c'est Michel Crespin. Pas le dessinateur de BD mais le metteur en scène. C'est lui qui est à l'initiative du festival d'aurillac. Dans son sillage sont nées des troupes ambulantes qui ont maintenant fait leurs preuves comme Royal de luxe, Generik vapeurs, Eposito ou les Alamas givrés. Ces compagnies sont l'équivalent des Beatles et des Stones pour la musique. De leurs mouvances naquirent des centaines d'autres compagnies plus ou moins éphèmères et géniales comme Annibal et ses éléphants ou la cie numéro 8. Cette dernière nous a d'ailleurs présenté cette année un spectacle "homo erectus burocraticus" absolument génial.

"Ils sont banquiers, avocats, politiciens, cadres supérieurs, agents immobiliers, financiers ou industriels... Téléphone portable jamais loin de l'oreille, ils arborent fièrement le costume-cravate et représentent l'humanité des temps modernes. Lâchés en liberté au cœur de la ville, ils sont le miroir de notre société qui se développe et s'autodétruit à cent à l'heure."

On a adoré aussi la Cie Kamchàtka. "Ce sont une dizaine de personnes avec seulement une valise et un souvenir. Elles paraissent récemment arrivées d’un pays lointain et se retrouvent dans un lieu dont elles ne connaissent pas les règles, les normes, les secrets. Les émotions à fleur de peau, elles créent petit à petit de fortes complicités avec ceux qui croisent leur chemin."

Vu aussi la Bash street cie en festival OFF qui nous offert un spectacle réglé au millimètre. Du buster Keaton en live et en couleurs avec effets spéciaux.

L'autre signe des 20 ans de ce festival aura été la toute dernière représentation (parait-il) des Alamas Givrés en clôture de Viva-cité. Que faut il y voir? Une boucle qui se boucle ou rien qu'une évolution vers d'autres pratiques théatrales? Ou peut être l'envie de bousculer toujours en encore les codes établis parce que ne plus bouger c'est mourir et que l'art c'est la vie ??
Alors on vit....on bouge, on se démène pour traquer LE SPECTACLE. Pour moi cette année, ça aura été la cie numéro 8, pour d'autres Les Generik Vapeurs ou Acidu...A Chacun son plaisir. Bien sûr, on est toujours frustré ne n'avoir aperçu que le dixième de ce qui est proposé. Mais on en revient toujours satisfait d'avoir ressenti des émotions qu'on avait plus vécu depuis la douceur de nos premiers baisers. L'art de la rue véhicule des sentiments dans l'espace urbain. Il nous propose de vivre et revivre des émotions sur le bitûme. Simplement, gratuitement, sur le coin d'un parc ou au détour d'un immeuble. La magie s'opère ainsi tout les ans. Alors vivement les 21 ans du p'tit...